Pour notre théoricien des Molars, le libraire Roger Coste de la librairie Torcatis, l'âme des Molars vient de ce livre : Traité du Zen et de l'entretien des motocyclettes par Pirsig. Ce livre, roman, essai, est tout à la fois un road-movie américain en moto, une réflexion sur l'amour et la mort, un hymne mystique à la mécanique. Pas facile à lire, l'ouvrage est sûrement le must du genre !


Pour ceux qui calent sur le Pirsig, c'est le véritable ouvrage de référence sur LA moto, la vie, la mort. Paul Ardenne est un historien d'art, grand motard, collectionneur de voitures... Littérairement et philosophiquement, c'est superbe !


Écrit avant la réalisation de Mad Max par Miller !

JB, notre ami et maître, avait écrit le Mad Max français mettant en texte des hordes de motards philosophes s'affrontant à travers la France, du nord au sud, au nom d'idéologies politiques mythiques.

L'ouvrage devint le tome 1 d'une trilogie mêlant polar, SF et philo.

Indispensable !


Bernard Chapuis a écrit 7 romans dans toute sa carrière. Terminus Paris qui date du début des années 80 était son premier, entre Vernon Sullivan et Léo Malet, une enquête policière parisienne mystique surréaliste. Le héros se déplace en "grosse moto". Sur le périphérique, une mystérieuse ambulance enlève des motocyclistes et leurs bécanes. Pendant ce temps, les chrysanthèmes font la grève de la "pousse" et les morts disparaissent...


La nouvelle Bible des motards français en vadrouille ? Retraite de Russie, routes pourries sillonnées de poids lourds, Ourals increvables mais toujours en panne, vodka et réflexions sur le premier Empire et la retraite de Russie. Quand Sylvain Tesson décortique Napoléon ! Jubilatoire et indispensable !


Voici ce qu'en écrit Patrick Planes, Molar canal historique "il était à Montalba !" :

 

 "Les motards amoureux de littérature le placent au sommet... Les lance-flammes est un portrait du milieu artistique new-yorkais des années 70. Un portrait sans concession..."


L'histoire d'un jeune ingénieur informaticien embringué dans un casse qui tourne mal, très très mal  -surtout pour lui et encore plus pour son pote qui y laisse la vie. Du coup, le roman navigue entre vengeance et retour arrière rocambolesque entre prison, enfance difficile et études universitaire, un passé en somme qui tente de consolider la plausibilité de l’intrigue… En trame de fond, une vision sans complaisance, bien au contraire, de Cuba. Trop noire d’ailleurs, la-aussi, pour se laisser convaincre.

 

Mais bon, c’est pas mal ficelé, reconnaissons-le. Et le narrateur roule sur « une Harley Davidson restaurée, recouverte de chrome et de noir satiné. Ruben adorait cette moto. La Duo-Glide de 1958, un des derniers modèles à être entré à Cuba avant que tout parte en couilles ; avait-il l’habitude de dire. Moteur Penhead de 1200 cm3 de 55 chevaux, avec une selle basculante, une double suspension hydraulique et des pointes chromées sur les garde-boue.<<…>> Le big Twin ronronnait de toute sa puissance contenue ; de près, on distinguait des touches personnelles : phares auxiliaires Cobra Bullet halogènes fabriqués en alliage d’aluminium, guidon rehaussé Ape Hanger pour rouler "points au vent " et pneus neufs. Autre customisation : un second siège en cuir noir sur le garde-boue arrière avec un petit dossier capitonné. Pas de pare-brise. »

 

Pas d’autre moto dans le roman et surtout pas de Triumph comme l’indique la couverture !

 

Asphalte Editions 2017

 


On ne sait pas comment toutes deux s’appellent.

 

Il y a d’abord la maman. Elle est en pleine détresse. Et quand la douleur est trop forte, alors elle s’échappe sur sa moto. Parfois avec sa fille ainée, accrochée à son dos, réveillant la plus terrible blessure d’une mère, la perte d’un de ses enfants, le deuil de la petite dernière. Mais la route prend vite le dessus « Dimanche, comme promis, nous prenons la route. C’est vrai, pendant que nous roulons, il y a tant de choses à surveiller, ma passagère, les pierres sur le bas-côté, les voitures qui surgissent, la vitesse, les tournants, la lumière qui disparaît entre les arbres et réapparait soudain en nous éblouissant que je ne gamberge pas plus loin que le bout des roues ». Et puis, il faut vivre, pour soi mais aussi pour l’autre « parce que nous sommes toutes les deux, j’endosse le tablier du présent, des sourires et de la vie forcée ; je m’occupe d’elle, la nourris, la réchauffe. Ça me fait tenir debout, me cloue dans la réalité. Je ne vais pas chercher plus loin. Nous avançons l’entendement hors du malheur ».

 

Il y a l’autre, celle qui ne pense qu’à sa mission. Rationnelle, efficace, méthodique et rigoureuse. C’est une tueuse, mais au service de la Nation. Elle a dédié sa vie, dès son plus jeune âge, par refus d’une famille bien comme il faut, au secret, voire au mensonge « Tout semble possible aux menteurs. Lorsqu’on ment pour la première fois, on ignore à quelle drogue on s’abandonne, envahi par l’extase du premier shoot. Mentir à ceux qui ne méritent pas qu’on leur ouvre nos cœurs. »

 

Elle aussi est motarde. Mais c’est bien leur seul point commun. Peut-être aussi la musique, Janis Joplin, Dr Feelgood, Buzzcocks, Inmates, Little Helpers, du rock dur en somme pour ces deux filles que la vie n’a pas ménagées. Et puis le destin va les réunir, un soir, côte à côte dans une nouvelle lutte, cette fois ci bien plus sanglante, contre des terroristes …

Et la moto me direz-vous ? Ben, pas grand chose, si ce n'est sa présence pour marquer le côté symbolique, celui de la liberté bien sur mais pas que.

 

Car en fait, on s’en fout de cette histoire, comme de la moto pourtant si présente sur la couverture, ce n’est pas là l’important. Il faut entrer dans le texte, et s’y plonger pour mieux découvrir ces deux portraits de femmes finalement assez représentatives d’une génération. Deux femmes qui ne s’en laissent pas compter. Des femmes qui luttent, pour leur vie et pour leurs idées, Et même si l'image de la motarde est quelque peu facile, ne croyez pas que l'auteur ait bâclé la psychologie de ses personnages. Bien au contraire. C'est en les faisant parler en les dépouillant et fouillant leur âme que l'auteur excelle. Deux femmes magnifiques comme sait si bien les décrire Denis Soula et que nous avions découvert avec « Les Frangines » également édité par Joëlle Losfeld Editions.

 


Les récits de voyages que l’on pouvait lire il y a quelques dizaines années étaient en général déprimants. Non pas de par leurs qualités intrinsèques mais surtout par leur description de l’humanité. Entre violence, insécurité et pauvreté, émergeait et illuminait le récit des incursions au sein de sites exceptionnels, d’espaces conquis par les splendeurs naturelles. Les représentations de la nature soulevaient alors des rêves d’aventures.

 

Les relations de voyages d’aujourd’hui n’ont que peu changé, hormis le fait que les rêves sont devenus cauchemars. La nature d’autrefois n’est plus celle des voyageurs d’antan. Et si l’auteur n’y est pas pour grand-chose, l’homme en est par contre le responsable indéniable.

 

Guillaume Jan . L’auteur de "Traîne Savane", magnifique déclaration d’amour de la forêt congolaise qu’il avait découverte en reconstituant le parcours du docteur Livingstone, nous entraine cette fois-ci dans la savane africaine et encore au cœur de la forêt équatoriale ou tout au moins de ce qui en reste. Poursuivant son travail de recherche, il est parti cette fois-ci sur les traces de Takayoshi Kano . S’il est évident que cette enquête est un prétexte à une ode à la nature blessée, elle est aussi  l’occasion d’une rencontre exceptionnelle. Kano est un primatologue japonais passionné par les bonobos. Et sa passion était telle qu’il a entreprit en 1973 un voyage au cœur de l'Afrique en vélo ! Au terme de son périple, notre homme, hirsute arriva à Wamba, dans la réserve de Luo. C’est là que Kano fondera le premier centre d’études sur les bonobos. Dès lors, nombre de chercheurs vinrent y travailler, mais la plupart venaient de l’université de Kyoto et d'autres institutions japonaises.. Ce qui entraina une relation toute particulière entre le Japon et la République démocratique (sic) du Congo. Et pourtant Kano est un méconnu du grand public. Pourtant comme le rappelle Guillaume Jan, «il va contribuer à élucider le mystère de nos origines, il va chambouler nos connaissances sur la place de l’homme dans l’histoire du monde, sur la genèse de nos rapport sociaux, sur les racines de nos emportements, si étranges, sur le long chemin que nous avons parcouru depuis que notre famille s’est progressivement séparée de ces autres primates, il y a 12 ou 15 millions d’années. »

 

Guillaume Jan ne pousse pas l’admiration à cheminer comme son énigmatique héros. Mais il est toujours sur 2 roues, sauf qu’il s’agit non pas d’un vélo, mais d’une moto, chinoise et c’est là le seul prétexte pour parler de ce bouquin dans cette rubrique.  C’est bien peu je vous l’accorde d’autant qu’il ne pilote même pas l’engin, passager d’un certain Joël, qui manie le guidon de la Haojin rouge avec dextérité Ceci dit, les pages décrivant le périple motorisé sont tout simplement remarquables et bien plus intéressantes que celles que leur consacrent nombre d’écrivains motards. « Intrépides feux follets, nous bouffons poussière, boue et kilomètres dans l’exubérance brouillonne de ce jardin originel, dans cette oasis de verdure que l’homme cherche à retrouver depuis les temps bibliques. Une main posée sur l’épaule de Joël, une autre soutenant le jerrican d’essence serré contre mon dos, j’admire le paysage comme au cinéma, en anticipant les bosses impromptues et les trous désordonnées de ce mauvais ruban de latérite, en rêvassant au champ lexical de ce biotope extraordinaire, en méditant sur l’aube du monde et les intentions de Takayoshi Kano, en théorisant sur la condition d’écrivain, et c’est là que nous manquons de périr engloutis dans un torrent dont les berges, parait-il, grouillent de crocodiles. »

L’auteur est suffisamment jovial pour relater les galères qui l’accablent sous une forme humoristique. Il réussit à nous faire oublier que l'Afrique sombre de plus en plus dans les ténèbres qu’évoquait Joseph Conrad. Car si les éléphants étaient chassés lorsque Charles Marlow poursuivait Kurtz, ce foutu collecteur d'ivoire, les bonobos sont aujourd’hui de bien fragiles proies lorsque Guillaume Jan traque les chemins de Kano, cet obscur archéologue de l'humanité qui méritait bien cet hommage lumineux. Et pendant ce temps ; combien de bonobos, combien d’orang-outangs, auront accompagnés la forêt dans l’offrande atroce que les hommes ne cessent de rendre à l’argent.

 

Ah j'oubliais. C'est de Guillaume Jan (mais vous le saviez déjà), son titre est Samouraïs dans la brousse et c'est édité par Paulsen dans la collection Démarches.

 

 

PP mai 2019

 

Nous contacter

sur les Salons, par ce site à la fin, par piston, sur Facebook, par relations, par amitié, par hasard...